Urgent : le PNKB en voie de disparition

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L’exploitation du bois de chauffe, la fabrication du charbon et la production des planches pour la construction, sont certains facteurs à la base de la destruction du Parc National de Kahuzi Biega.  Aux alentours de ce parc, on constate plusieurs cas de déboisement avec un ampleur inquiétant.

Actuellement le Parc national de Kahuzi-Biega (PNKB) est exposé à une déforestation à outrance entrainant plusieurs conséquences sur l’écologie et l’environnement ; pendant qu’il joue un rôle important dans la régulation du climat.

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Situé à l’Est de la République Démocratique du Congo, ce site du patrimoine mondial abrite à son sein une faune et une flore d’une richesse exceptionnelle. On y trouve notamment des Gorilles des plaines de l’Est, une espèce en danger critique d’extinction. Mais ce sanctuaire naturel est aujourd’hui menacé par l’exploitation illégale du bois, l’agriculture et l’exploitation minière.

«Actuellement les populations rurales ne produisent plus de denrées agricoles en quantités suffisantes en raison de la perturbation des saisons culturales. La déforestation progresse très rapidement. Cette situation a des répercussions néfastes sur l’écosystème », déplore Jean Samy Kakimbula, Vice-président et Chargé de la Commission Environnement au sein du Bureau de coordination de la Société civile du Sud-Kivu.

La destruction du PNKB, une ignorance ou une volonté délibérée ?

Aujourd’hui, le PNKB est menacé par le braconnage, l’abattage d’arbres et bien d’autres problèmes par les riverains de ce parc à la recherche des moyens de subsistance.

«Par faiblesse d’instruction, et parfois l’analphabétisme, les populations rurales accentuent les difficultés en raison d’une méconnaissance des effets des changements climatiques. Les populations les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre sont aujourd’hui les plus exposées à leurs effets. Elles sont menacées par l’accroissement du stress hydrique, la désertification, la raréfaction des ressources naturelles et l’érosion des sols» , regrette Jean Samy K.

La création des coopératives agricoles, une approche salvatrice

Une fois que les personnes touchées par ces désastres sont initiées à une agriculture biologique moderne, les amener à se rassembler dans des coopératives, il y aurait réduction de la pression exercée sur la biodiversité au niveau du Parc. C’est aussi une stratégie de revaloriser le secteur agricole et réduire le taux de malnutrition qui guette beaucoup des familles à Kabamba et Katasomwa, principaux villages environnants le PNKB.

«La création des coopératives agricoles est une des meilleures approches pour contourner la dégradation de l’environnement au niveau du PNKB. C’est une stratégie d’aider les habitants qui, jadis vivaient grâce aux produits du Parc, de commercer leurs produits issus des champs, à standardiser les prix de vente de leurs produits pour que le secteur agricole soit pour eux une opportunité de sortir de l’extrême pauvreté », renseigne Héritier Mutimanwa, acteur social, et agriculteur de Kavumu, territoire de Kabare.

Les voix s’élèvent contre la pratique du déboisement

Tout en reconnaissant que le PNKB reste une source importante des revenus pour la population locale, la Présidente du Bureau de coordination de la Société civile du Sud Kivu souhaite voir cette déforestation prendre fin à travers des mesures urgentes qui doivent être prises par l’Etat congolais au risque de perdre cette immense richesse naturelle.

« Le parc national de Kahuzi-Biega est en risque de disparition, la déforestation progresse à un rythme alarmant.  Si rien n’est fait, ce joyau de notre biodiversité risque de disparaître à jamais, » s’alarme Maître Néné Bintu Iragi.

 Elle déplore le fait que les activités qui s’effectuent autour du Parc détruisent l’habitat des animaux et perturbent l’équilibre de l’écosystème.

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Et si l’Etat Congolais se réveillait de son sommeil ?

Néné Bintu appelle au renforcement des contrôles forestiers, la sensibilisation des populations locales aux enjeux de la conservation de la biodiversité et le développement d’alternatives économiques durables.

Abordant la même question, Josué Aruna, Président de la Société civile environnementale au Sud-Kivu, indique que ce Parc perd chaque mois environ 15 hectares de forêt suite aux activités qui s’y effectuent et à ses environs.

Il s’inquiète du risque de perdre le PNKB au cours des années à venir et les Gorilles des plaines de l’Est disparaitront comme ce fut le cas pour les Eléphants. Il invite le Gouvernement provincial, national et la Communauté internationale à agir rapidement pour sauver ce qui le peut encore.

 « La disparition du parc national de Kahuzi-Biega serait une perte immense pour la biodiversité mondiale. Le parc abrite une grande variété d’espèces animales et végétales dont beaucoup sont uniques à cette région », indique-t-il.

Tout en reconnaissant le rôle essentiel que joue le PNKB dans le développement durable et la réduction de la pauvreté, Prosper Nyakasane, expert à la Coordination provinciale de l’environnement au Sud Kivu appelle les acteurs concernés à la mobilisation urgente pour sauver ce site.

Couvrant 600.000 hectares, le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), situé entre deux volcans éteints, les Monts Kahuzi (3.308 m) et Biega (2.790 m) dans le Sud-Kivu, est l’habitat de l’une de dernières populations des Gorilles des plaines de l’Est (graueri), qui compte environ 250 individus, selon le site de cette réserve protégée. Une bonne partie du parc échappe à sa direction et sert de refuge à des activités illégales. Il dépend de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Créé en 1970, il a été retenu comme Site du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980.

Patrick Babwine

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