RDC: Maladies de bananiers au Sud-Kivu, vers une solution adéquate ?

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La culture des bananiers au Sud-Kivu en proie à des maladies diverses dont les Benchy top et le Wilt bactérien depuis plusieurs années, peut désormais espérer à une solution durable. De nouvelles techniques qui consistent à couper les seuls plants malades produit des effets et bientôt l’introduction de nouvelles variétés des bananiers qui sont en phase d’expérimentation. Depuis 2010, cette culture a été attaquée par diverses maladies en provenance de l’Ouganda jusqu’au Sud-Kivu via le Nord-Kivu, pourtant elle revêt un caractère culturel en milieux ruraux. Avec les nouvelles variétés, des bonnes pratiques agricole et l’utilisation de nouvelles technologies agricoles proposées par les experts de l’Institut National pour l’Étude et la Recherche Agronomique au Congo (INERA), le pire est en voie d’être écarté.

L’INERA Mulungu détient 27 nouvelles variétés qui sont en phase d’expérimentation et qui pourront progressivement remplacer les anciennes d’ici septembre 2024. Cette institution spécialisée dans les recherches agronomiques reconnait qu’au cours des années passées, les bananiers ont été la cible de plusieurs maladies dont les plus dangereuses étaient les Wilt Bactérien, les Benchytop.

Mmaladies dangereuses contre les bananiers, le wilt bactérien et benchytop maitrisées
Maladies dangereuses contre les bananiers, le wilt bactérien et benchytop maitrisées

Le chercheur Jules Ntamwira Bagula, responsable d’antenne banane, rassure aux agriculteurs que les recherches ont été faites pour améliorer la culture des bananiers au Sud-Kivu afin que  ce fléau soit endigué et que la production des bananes soit abondante.

Jules Ntamwira est convaincu que l’introduction de nouvelles variétés capables des résister aux maladies est la solution efficace pour pallier ce problème. Il rassure que cela donnera de la chance à la plantation des bananiers au Sud-Kivu selon leurs espèces et leurs milieux culturaux.

« Nous avons ici 27 variétés dans la pépinière que nous venons d’introduire récemment dans le cadre du réseau des chercheurs et améliorateurs des bananiers en Afrique de l’Est. On va évaluer dans les jours qui viennent d’ici septembre pour sélectionner les meilleures variétés qui vont s’adapter ici chez nous. Ailleurs ce sont de meilleures variétés qui ont été sélectionnées et généralement sont des bananes à cuire (Bisamunyu) et des plantains, » renseigne-t-il.

Cet Expert dans la culture des bananiers indique que les nouvelles variétés implémentées au sein de l‘INERA, sont considérées comme des espèces à haut rendement et améliorées. Elles peuvent fournir plus de 60 tonnes des bananes à l’hectare contrairement aux anciennes semences qui sont habituellement cultivées et qui donnent à peu-près 5 à 15 tonnes l’hectare, selon les données fournies par INERA en milieu paysan.

Des nouvelles variétés des bananiers au profit des agriculteurs
Des nouvelles variétés de bananiers au profit des agriculteurs

Les bananiers et le peuple « Shi »

La bananeraie était une plante qui faisait la fierté du peuple Shi, après un moment on se rend compte qu’elle disparait suite aux maladies précédemment citées.  Les grands chercheurs avaient travaillé là-dessus comme le belge Hugues Dupriez, qui avait écrit un livre intitulé « Bushi l’asphyxie d’un peuple » en 1987, dans son contenu, il a écrit:

lire:https://books.google.cd/books/about/Bushi_l_asphyxie_d_un_peuple.html?id=WzD-rQEACAAJ&redir_esc=y

« La bananeraie c’est la zone de sécurité du peuple Shi. Il peut y recourir à tout moment pour prendre certains régimes pour la consommation dans les ménages. »

Du point de vue alimentaire, le Shi se nourrissait essentiellement des bananes, en prenant quelques régimes, comme les bananes de tables, comme les bananes plantains, les gens en consomment régulièrement.  Les bananes étaient destinées à faire de la bière appelait Kasiksi.

« Cette culture était prospère dans les bushis, car elle était entretenue, fréquemment on y passait la houe, on y mettait les fumiers et la bouse des vaches. La bananeraie a connu une maladie le Wilt bactérien qui a décimé tous les bananiers et nous n’avions pratiquement plus des bananiers. Les bananiers ont été remplacés par la culture des maniocs, maïs et  du quinquina», renseigne Masheka Bahige Freddy Athanase, ancien Administrateur adjoint du territoire de Walungu et Chercheur au département d’agroforesterie à l’INERA.

Le Benchytop, cette maladie qui décime les bananiers dans la plaine de la Ruzizi

Selon  la récolte d’éléments faite par la rédaction de Mkulima, ces nouvelles variétés qui seront bientôt injectées dans la communauté auront comme avantage, la résistance à la maladie comme le Benchytop qui est une maladie virale plus dangereuse qui attaque les bananiers .

La maladie du Benchytop des bananiers (BBTD), est l’une des plus sévères maladies virales atteignant les bananiers. Elle a été découverte pour la première fois aux îles Fidji en 1889 (MAGEE, 1953). Elle est présente en Australie, en Asie, en Inde, dans les iles du Pacifique et en Afrique (DALE, 1987).

Cette maladie sévère a fait rage dans la plaine de la Ruzizi en territoire d’Uvira à l’Est de la RDC. Dans cette partie du pays, la variété appelée Kisubi est trop sensible à cette maladie et a été la plus touchée. La bonne nouvelle pour les agriculteurs de cette entité est que la pépinière d’INERA a une variété hybride de Kisubi qui résiste au Benchytop.

Cette maladie se caractérise par des stries vert foncé discontinues sur les nervures principales et secondaires des feuilles, du pétiole et le long des gaines formant le pseudo-tronc. Ces stries sont appelées « morse code ». Les plus souvent les feuilles deviennent étroites et jaunes, regroupées en bouquet en haut de la plante. Le bananier est également atteint de nanisme.

lire: Sud-Kivu : Et si le maïs parlait?

Le bananier atteint, comment le traiter ?

Vers 2010, il a été découvert au Sud-Kivu une nouvelle maladie appelée « Flétrissement bactérien » qui se manifestait par le murissement des régimes avant la maturité. Avec l’ancienne méthode, il était question de dessoucher toute la bananeraie dès qu’on remarque la présence de la maladie et aussi il faudrait déclasser les matériels qui ont été utilisés. Actuellement avec la nouvelle technologie, on doit uniquement couper le seul plant malade, désinfecter les matériels et le problème est résolu.

« Il y a à peu près 5 ans qu’INERA en collaboration avec Bioversirty International à travers notre programme Recherche Développement, nous avons mis en place la technique de couper le seul plant malade dès qu’on observe le symptôme de la maladie. Cette technique a donné de bons résultats ici au Sud-Kivu. On a même exporté cette technique au Rwanda et au Burundi pour les aider aussi à contrôler la maladie. Donc on doit continuer à respecter la technique de ne couper que le seul plant malade ainsi que d’autres éléments du paquet », recommande Jules Ntamwira.

Quel résultat après le respect des règles et principes ?

selon les révélations faites par le chef de programme banane à l’INERA Mulungu, dix ans après que la maladie de Wilt Bactérie se soit installée, les chercheurs se sont activés à limiter les dégâts et proposer des pistes de solutions rapides et efficaces. Avec l’accompagnement de plusieurs organisations internationales telles que le Comité international de la croix rouge, (CICR), l’Action contre la faim (ACF) ainsi que d’autres organisations qui ont accompagné financièrement le projet, les chercheurs de l’INERA ont fait le transfert de la technologie en formant les agriculteurs sur les techniques nouvelles appliquées dans l’agriculture pour réduire sensiblement si pas éradiquer la propagation de la maladie.

Selon le Dr agronome Jule Ntamwira, l’incident serait autours de 90 à 100% dans la partie Minova, en territoire de Kalehe dans les années 2010 et tous les bananiers étaient complètement décimés. La technique de dessoucher tous les bananiers était la plus appropriée car rien n’était plus à conserver. Mais l’adoption des nouvelles techniques qui consiste à couper le seul plant malade, a permis que la récolte présentement soit en train de s’améliorer.

La culture de la bananeraie vit des périodes sombres par manque des solutions durables contre les attaques des maladies diverses dont les Benchytopo, le Wilt bactérien depuis plusieurs années. L’introduction des nouvelles variétés sur terrain, essuierait les larmes des cultivateurs du Sud-Kivu.

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Patrick Babwine

 

 

 

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