La province du Sud-Kivu à travers le ministère provincial de l’agriculture prépare une campagne de distribution des semences aux agriculteurs essentiellement réunis au sein des associations et coopératives agricoles. Ces semences composées de variétés telles que le maïs, le riz, l’arachide, le haricot et le soja sont une donation du ministère national de l’agriculture à la province pour soutenir la revitalisation du secteur productif agricole et aider à booster la production agricole dans les 8 territoires et dans la ville de Bukavu.
Un total de 237,9 tonnes de semences de qualité est déjà disponible pour ces 8 territoires, sans oublier la ville de Bukavu. A en croire le ministre provincial de l’agriculture, ce lot sera distribué de manière équitable et stratégique afin de maximiser son impact sur la production agricole de notre province.
Lors de la cérémonie de réception de ces semences samedi 23 novembre 2024 dernier, le ministre provincial de l’agriculture Didier Kabi a exprimé sa satisfaction soutenant que ces semences marquent un tournant dans la revitalisation du secteur productif comme troisième pilier du programme gouvernemental au Sud-Kivu pour le quinquennat 2024-2028.
« Aujourd’hui, avec la réception de ces semences de qualité, nous avons une occasion unique de redonner à notre Province sa vocation agricole. Les semences que nous recevons en ce jour, composées de variétés telles que le maïs, le riz, l’arachide, le haricot et le soja sont destinées à booster la production agricole dans nos 8 territoires et dans la ville de Bukavu. Elles incarnent une lueur d’espoir pour nos producteurs » a soutenu le ministre Didier Kabi, annonçant à la même occasion le déploiement de ces semences dans les 8 territoires à partir de ce lundi 25 novembre 2024.
Le ministre a également souligné que la distribution de ces semences ne sera pas faite de manière fortuite.
« Elle est le fruit d’une planification rigoureuse menée par le Ministère Provincial en charge de l’Agriculture, de la Sécurité Alimentaire et du Développement Rural et ses services techniques tels que l’Inspection Provinciale de l’Agriculture, le SENASEM, le SNCOOPet d’autres partenaires que je remercie vivement pour les sacrifices consentis pour les séances de travail accélérées » a souligné Didier Kabi.
Dans son discours, le ministre a rappelé quelques étapes clés qui ont aidé à franchir cette étape. C’est notamment : la préparation minutieuse de la campagne agricole 2024-2025, avec l’implication de toutes les parties prenantes, y compris les producteurs, les coopératives et les partenaires techniques, la quantification des besoins réels en semences de qualité pour chaque territoire, en tenant compte des spécificités climatiques et agricoles et en fin, la mobilisation des ressources nécessaires grâce au plaidoyer actif et continu mené auprès du Gouvernement central, Provincial et auprès des Partenaires techniques et Financiers.
Si on s’en tient au discours du patron de l’agriculture en province, la distribution proprement dite pourrait intervenir au courant de la semaine qui débute ce lundi 25 novembre. Cependant, plusieurs acteurs impliqués dans le secteur agricole en province s’interrogent sur l’opportunité de distribuer des semences aux agriculteurs à la fin de la saison agricole A et à quelques jours du début de la saison agricole B. D’ailleurs dans certaines zones, la récolte a déjà débuté pour la saison agricole A.
Néanmoins, plusieurs acteurs saluent les efforts fournis par l’actuel ministre provincial de l’agriculture qui après plus de 5 ans vient de réussir à arracher un appui du gouvernement central aux agriculteurs de la province.
Et si on attendait la saison agricole B ?
Il y a cependant, des cultures qui s’adaptent à chaque saison agricole A qui commence le 15 septembre jusqu’au 15 février et d’autres poussent facilement à la saison agricole B, qui va du 15 avril au 15 juin. Et parmi les semences reçues figurent certaines cultures qui pour cette saison finissante ne peuvent plus s’adapter.
La Province a également subi des perturbations climatiques sévères, affectant non seulement les rendements agricoles, mais également la sécurité alimentaire des populations. Elle fait face à des défis majeurs : les perturbations climatiques, la dégradation des sols, les catastrophes naturelles comme les inondations et les grêles, l’accès limité aux intrants agricoles de qualité, et l’enclavement des zones de production.
Ce qui amène certains agriculteurs à solliciter la surséance de la distribution de ces semences jusqu’à la saison agricole prochaine.
« Nous nous pensons que ces semences peuvent attendre la saison B qui arrive d’ici février. Aujourd’hui ces semences n’ont plus d’importance pour la saison A parce que nous avons suffisamment dépassé le temps» soutient Cirhuza Bayongwa, de la coopérative agricole « CCOPEKI » de Kabare. Celui-ci confirme la volonté des habitants de Kabare à utiliser les semences en question mais pour la saison B étant donné que les cultures semées sont déjà dans une étape de près-récolte.
Un peu loin en territoire d’Uvira, Zeba Madjagira, PCA de la coopérative « Coopaba » et chargé de production au CDC Kiringye lui ne voit pas d’inconvénient dans la distribution de ces semences pendant cette saison A.
« Pour nous de la plaine, ces semences sont les bienvenues. Vous savez que dans la plaine nous avons eu un grand retard à cause de la carence de pluies. Les agriculteurs se sont abstenus de commencer les activités agricoles. Mais avec la présence de la pluie cette semaine, chacun est obligé maintenant de commencer la semi. Donc pour nous ces semences arrivent à point nommé. Si réellement ces semences arrivent sur terrain cette semaine et que la distribution commence en tout cas ici, nous sommes dans le bon » explique Zeba Madjagira.
Le gouvernement provincial quant à lui tient à la distribution de semences. Le ministre provincial de l’agriculture veut du concret. Didier Kabi pense que bien que le délai soit dépassé, il est toujours possible de semer les semences disponibles pour que d’ici fin janvier les habitants aient de la nourriture.
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« Je dirai qu’il n’est pas tard. Nous sommes dans une province où tous nous savions que la saison A commence en septembre mais avec les défis que nous connaissons notamment le dérèglement des saisons, le manque de pluie, l’abattage à grande échelle des arbres, la saison a été impactée. Les agriculteurs qui devaient commencer la semi en septembre ont manqué des pluies jusqu’à ce mois de novembre. Même dans certains coins de la province où certains agriculteurs ont eu le courage de semer, la semence n’a pas résister au climat suite à ce manque de pluie. Alors pour moi ce n’est pas tard et c’est pour cette raison que j’insiste que la distribution se fasse le plus rapidement possible pour que les agriculteurs sèment vite et que d’ici février nous ayons à nourrir notre population » conclut-il.
Bertin Bulonza