Bukavu : des jeunes au front pour sauver le lac Kivu des déchets plastiques

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Il était à peine 9 heures du matin lorsque des groupes de jeunes, habillés de gilets fluos et armés de sacs-poubelles, commencent à se diriger sur le littoral du lac Kivu, au niveau du marché Bondeko, dans la commune de Kadutu. Une brise légère agite la surface de l’eau, mais ce qui trouble vraiment la tranquillité du lieu, ce sont les montagnes de déchets plastiques abandonnés entre les étals, les pirogues et les filets de pêche. Ce samedi-là, c’est une jeunesse déterminée qui s’est levée, rassemblée par un seul idéal : redonner souffle à ce joyau naturel menacé par l’insalubrité.

Ils ne sont ni payés, ni encadrés par une autorité publique. Ils sont simplement animés par un sens aigu de la responsabilité écologique. À l’origine de cette initiative, le Réseau des Jeunes Professionnels de l’Eau et de l’Assainissement, une synergie montante dans la ville qui a décidé de ne pas rester indifférente face à la dégradation alarmante des rives du lac Kivu.

L’objectif de cette campagne est clair, assainir le littoral du lac Kivu, et par extension, la ville de Bukavu tout entière. Une action concrète menée par une jeunesse consciente de l’impact des déchets plastiques sur l’environnement et la santé des populations.

Des gestes simples, des messages puissants

Armés de gants, cachets-nez et sacs, ces jeunes ont parcouru les abords du marché Bondeko, saluant commerçants et pêcheurs, tout en collectant chaque bouteille, chaque sachet et chaque déchet abandonné. Mais leur action n’est pas seulement physique. Elle est aussi pédagogique et militante.

Dans un coin du marché, entre les cris des vendeuses de poissons et le va-et-vient des clients, une voix s’élève, posée mais engagée. C’est celle de Gloria Chabene, activiste écologiste et membre du réseau.

« Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est un cri d’alerte. Le plastique que nous jetons dans le lac ne disparaît pas. Il revient dans nos assiettes, il pollue notre air, il tue notre biodiversité. Il est temps de poser des actions concrètes»,dit-elle avec fermeté.

Son message est simple, mais résonne fort. Les passants s’arrêtent. Certains écoutent, d’autres s’interrogent. Mais tous comprennent que l’enjeu les concerne.

Sensibilisation directe

Tout au long de la matinée, les jeunes militants ont pris soin d’expliquer leur démarche aux pêcheurs et petits commerçants du marché. Pas de grands discours théoriques, mais des échanges simples, concrets. Pourquoi éviter les plastiques à usage unique ? Où jeter les bouteilles vides ?

La proximité de l’action, sa simplicité, la rend d’autant plus efficace. Les pêcheurs, souvent accusés d’être à l’origine de la pollution, se sentent pour une fois considérés comme parties prenantes de la solution. Certains proposent même de rejoindre la prochaine activité.

Le marché Bondeko, comme beaucoup d’autres lieux de vie autour du lac, est directement concerné par la problématique des déchets. Les sacs plastiques utilisés pour emballer les marchandises finissent trop souvent dans le lac. À long terme, cette pollution met en péril la santé des habitants, la pêche locale et l’équilibre de l’écosystème aquatique.

Arnauld Zagabe , président du Réseau des Jeunes Professionnels de l’Eau et de l’Assainissement, le dit avec gravité :

« Si nous continuons à traiter le lac Kivu comme une poubelle, c’est notre avenir que nous mettons en danger. Il est temps que chaque habitant prenne ses responsabilités. La gestion des déchets n’est pas une affaire des autres. Elle nous concerne tous. »

À la fin de la matinée, plusieurs sacs remplis de déchets sont alignés sur le rivage. La chaleur monte, la fatigue se fait sentir. Mais sur les visages, c’est la fierté qui domine. Celle d’avoir agi, d’avoir parlé, d’avoir été utile.

Elie CIRHUZA


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