L’organisation Initiatives et Actions pour le Développement Local (IADL asbl) a choisi de placer l’apiculture au cœur de sa stratégie de développement durable. À travers l’élevage des abeilles, cette structure entend non seulement promouvoir l’entrepreneuriat dans la province du Sud-Kivu, mais aussi contribuer activement à la restauration de l’environnement.
Dans un entretien avec la rédaction Mkulima média, le gestionnaire des projets de restauration des paysages au sein de l’organisation IADF, Freddy Mugisho, a mis en avant l’engagement de son organisation dans la promotion de l’apiculture comme alternative économique durable. L’apiculture n’est pas seulement une activité agricole, mais une stratégie de vie. Elle relie alimentation, revenu et environnement, ouvrant des perspectives nouvelles pour les familles rurales et urbaines. Cette initiative vise à la fois à générer des revenus pour les ménages ainsi qu’à préserver les écosystèmes menacés par la déforestation et l’agriculture non durable.
Rédaction Mkulima : Bonjour Monsieur Freddy et merci de nous recevoir !
Freddy Mugisho : Bonjour cher journaliste, et bonjour à tous les lecteurs de MkulimaMedia.
Rédaction Mkulima : Comment entretenez-vous les abeilles pour qu’elles contribuent à la protection de l’environnement ?
Freddy : Depuis 1999, IADL travaille dans le secteur apicole au Sud-Kivu, particulièrement dans les territoires de Kabare et Walungu, en accompagnant les petits producteurs. Trois grands axes structurent notre approche notamment :
- Initiation à l’apiculture : sensibiliser et former les jeunes et les femmes pour diversifier leurs sources de revenus.
- Intégration des plantes mellifères : promouvoir la plantation d’espèces mellifères pour améliorer le rendement apicole et agricole.
- Professionnalisation des apiculteurs : formation, accompagnement technique, conditionnement et appui à la commercialisation du miel.
R.M : Concrètement, quelle est la contribution d’IADL pour le bien-être des abeilles ?
Freddy: Notre organisation agit pour le bien-être des abeilles, des populations et de l’environnement. Nous formons les apiculteurs via un rucher-école à Kamavuha en territoire de kabare groupement de Mudaka village de Kambehe et plusieurs sessions théoriques et pratiques. Nous distribuons des ruches modernes et des équipements apicoles pour favoriser une apiculture respectueuse.
En plantant des espèces mellifères pour nourrir les colonies, nous renforçons l’équilibre écologique. IADL sensibilise également les producteurs à réduire l’usage de produits chimiques nuisibles aux abeilles et encourage les pratiques agroécologiques.
Ainsi, l’entretien des abeilles chez IADL dépasse la simple production de miel : il s’agit d’une stratégie intégrée de protection environnementale et de renforcement de la biodiversité.
R.M : Les lecteurs aimeraient comprendre comment les abeilles interviennent dans la la restauration de l’environnement ?
Freddy : Les abeilles jouent un rôle central dans la pollinisation, favorisant la fécondation des plantes cultivées et sauvages, ce qui accroît les rendements agricoles. Elles participent également au maintien de la diversité biologique et à la régénération naturelle des plantes. Sans les abeilles, le développement agricole serait gravement compromis et la régénération naturelle des forêts fortement limitée.
R.M : En tant qu’expert en apiculture, quel est l’impact des abeilles sur l’environnement ?
Freddy : Nous avons observé que les abeilles stimulent la reforestation en favorisant la régénération des arbres et arbustes mellifères. Elles améliorent la productivité agricole grâce à la pollinisation des cultures vivrières (maïs, haricots, café…). Elles contribuent également à la protection des sols, car une flore diversifiée issue de la pollinisation réduit l’érosion. L’apiculture est donc non seulement une activité génératrice de revenus, mais aussi un vecteur de restauration écologique.
R.M : Quels sont les défis auxquels les apiculteurs font face dans leur métier, en lien avec la restauration de l’environnement ?
Freddy: Les apiculteurs rencontrent plusieurs défis : conflits avec les agriculteurs et riverains qui estiment que les abeilles gênent leurs activités, feux de brousse qui détruisent parfois des ruchers entiers, déboisements massifs qui réduisent les abris naturels, accès limité aux semences d’arbres mellifères et manque d’espaces sécurisés pour installer durablement les ruches. Ces contraintes démontrent que l’apiculture et la protection de l’environnement sont intimement liées et nécessitent des politiques locales favorisant la cohabitation harmonieuse entre apiculteurs, agriculteurs et communautés.


R.M : Quelles sont les conséquences du déboisement sur les abeilles ? Et un apiculteur peut-il couper un arbre ?
Freddy: Dans notre zone, les apiculteurs ne coupent pas les arbres ; au contraire, ils les protègent, car les arbres servent d’abris naturels pour les ruches. La flore mellifère conditionne le rendement apicole en quantité et en qualité de miel. Couper un arbre réduit la disponibilité du nectar et du pollen, entraînant une baisse de la production de miel et fragilisant les colonies. Pour 70 % des apiculteurs que nous accompagnons, l’apiculture constitue une source principale de revenus. Détruire les arbres compromettrait donc leur survie économique et écologique.
RM : Quel rapport existe-t-il entre Abeille et l’environnement ?
Freddy : Pour notre organisation, l’abeille symbolise l’équilibre entre la biodiversité, la sécurité des moyens de subsistance ainsi que l’entrepreneuriat rural.
R.M : Dans quel secteur votre organisation intervient-elle et quelle est votre contribution à la protection de l’écosystème forestier ?
Freddy : IADL est une organisation congolaise qui œuvre dans l’apiculture, l’agriculture durable et la foresterie communautaire. Nous contribuons à la protection de l’écosystème forestier en reboisant des plantations d’arbres mellifères et agroforestiers. Nous sensibilisons les communautés à l’importance de préserver les forêts pour maintenir la production apicole et soutenons les alternatives économiques (apiculture, agroforesterie) tout en réduisant la dépendance au bois-énergie. Nous promouvons également les pratiques agroécologiques qui limitent l’usage de produits chimiques nocifs pour l’écosystème.
R.M : En résumé, que devons-nous savoir sur IADL et son projet apicole ?
Freddy : Pour IADL, l’apiculture est une stratégie de restauration forestière tout en améliorant les conditions socio-économiques des populations locales. Pour en savoir plus, les lecteurs de MkulimaMedia peuvent consulter ce lien : Pensez abeille et apiculture dans le Sud-Kivu
R.M : Monsieur Freddy Mugisho, le média en ligne Mkulima vous remercie pour le temps consacré.
Freddy : C’est moi qui vous remercie pour l’intérêt porté à notre organisation.
Par Patrick Babwine
En savoir plus sur Mkulima Média
Subscribe to get the latest posts sent to your email.