RDC/Kivu : Les femmes et jeunes agriculteurs face aux problèmes liés à l’accès aux semences

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Sans semences de qualité, pas de récolte durable. Au Sud-Kivu tout comme au Nord-KIvu, les agriculteurs continuent de semer dans l’incertitude, faute de cadre réglementaire solide et de stratégie nationale cohérente. Tandis que les acteurs locaux innovent à petits pas, les partenaires extérieurs tentent d’apporter des solutions, souvent dictées par leurs propres priorités.

Contacté à ce sujet, Eloi Cinyabuguma, chercheur à l’Institut National des Etudes et des Recherches Agricoles, ne cache pas les défis rencontrés par la structure dans laquelle, il intervient.

« En RDC, le secteur agricole n’est pas suffisamment réglementé. Cela complique énormément l’organisation de la filière semencière. Mais à l’INERA, nous faisons tout notre possible pour contribuer à la mise à disposition de semences de qualité, adaptées aux réalités locales », explique-t-il.

Selon lui, l’absence d’un cadre légal et d’un financement public conséquent affaiblit la dynamique agricole. Pourtant, l’institut de recherche continue de travailler sur des variétés améliorées et sur leur diffusion à travers des collaborations avec des agriculteurs multiplicateurs.

Réguler dans un contexte difficile

De son côté, Tuzo Tucson, inspecteur semencier au sein de la coordination provinciale du Service National de Semences au Sud-Kivu rappelle le rôle crucial de son service.

« Notre mission est de certifier les semences et d’assurer leur qualité avant qu’elles n’atteignent les producteurs. C’est une responsabilité énorme car toute la chaîne de production dépend de ce premier maillon. Mais nous faisons face aux mêmes difficultés que d’autres structures publiques notamment, le manque de moyens logistique, et un encadrement insuffisant »

Et d’ajouter,

« Nous collaborons avec toutes les institutions tant nationales qu’internationales qui est impliquée dans la certification de semences. C’est comme par exemple quand l’INERA crée les variétés, c’est le SENASEM qui va à son tour l’approuver », informe-t-il.

Malgré ses limites, SENASEM reste la porte d’entrée officielle pour tout ce qui concerne la régulation semencière en RDC, un rôle qui demeure incontournable pour crédibiliser la filière.

Un appui, mais aussi des orientations imposées

Face à ces manquements, des organisations internationales comme le Centre International d’Agriculture Tropicale (CIAT) viennent en appui aux agriculteurs dans l’octroi des semences. Leurs interventions sur le terrain ont permis l’introduction de variétés performantes, des formations sur la production de semences et la mise en place de projets pilotes.

Cependant, cet appui n’épouse pas les attentes des bénéficiaires, car il reste conditionné surtout que ces organisations veulent promouvoir les semences de leurs projets, comme l’explique Furaha Muhanya agricultrice de Mudja territoire de Nyiragongo, province du Nord-Kivu.

« Ce ne sont pas toujours les semences locales ou prioritaires qui sont promues. Les organisations introduisent celles qui correspondent à leurs projets, parfois sans tenir compte des réalités économiques et culturelles des paysans », explique-t-elle.

Cette situation entache la souveraineté semencière et de la capacité du gouvernement à orienter les choix stratégiques au bénéfice des producteurs locaux.

Une équation encore ouverte

L’avenir de la filière semencière au Sud-Kivu repose sur un équilibre délicat par exemple, renforcer les institutions nationales comme l’INERA et SENASEM, tout en capitalisant sur les partenariats internationaux, mais sans en subir les injonctions.

Comme le souligne Eloi Cinyabuguma de l’INERA : « Si nous parvenons à donner aux paysans un accès régulier et abordable à des semences adaptées, nous ferons un grand pas vers la sécurité alimentaire. Mais pour y arriver, il faut plus de volonté politique et un meilleur encadrement du secteur. »

De son côté, l’ingénieur agronome Firmin Rwizigura recommande que les organisations qui facilitent les agricultures à avoir accès aux semences de pouvoir créer de champs de multiplication de semence. Cet ingénieur agricole recommande que les coopératives soient approvisionnées en semence pour qu’un bon suivi puisse se faire et que les agriculteurs ne consomment pas la semence.

Elie CIRHUZA


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