Depuis quelques mois, un souffle vert traverse Bukavu. Le long des routes, de jeunes arbres dressent leurs silhouettes fragiles, porteurs d’une promesse : celle de redonner à la ville sa beauté d’antan. Cette initiative écologique est portée par la Pharmakina, une entreprise agro-industrielle et pharmaceutique basée à Bukavu, en République Démocratique du Congo.
Lancé en 2024, ce projet a déjà permis la plantation de 2 500 arbres dans une ville autrefois surnommée « Bukavu la verte » pour ses artères bordées de feuillage luxuriant.
« Les objectifs que nous voulons atteindre en plantant les arbres dans la ville de Bukavu sont d’améliorer notre environnement, d’offrir une meilleure qualité de vie et de créer un environnement sain. Deuxièmement, il s’agit de donner à la ville de Bukavu sa beauté de l’ancien temps. Bukavu la verte, c’était les arbres et un environnement propice », explique Zagab Ekoy Nelson, gestionnaire environnemental, social et bonne gouvernance au sein de la Pharmakina.
Des communes déjà touchées, d’autres en ligne de mire
Selon Nelson, l’initiative couvre plusieurs communes de Bukavu. Les premières plantations ont eu lieu à Ibanda, puis à Bagira, et la Pharmakina prévoit de s’étendre à Kadutu, voire jusque dans les territoires. Les arbres proviennent de pépinières locales, en partenariat avec des propriétaires de plantations du Sud-Kivu, qui fournissent les plantules.
« Les différents défis auxquels nous faisons face, avant, c’était le vol de nos plantules mais aussi un personnel réduit pour le suivi. Pour le moment, ça évolue. Aujourd’hui, le défi, c’est la perturbation climatique : on ne sait plus si on est en saison sèche ou de pluie. Mais on est heureux de dire que 80 % de ces plantules résistent », précise-t-il.
Un appel collectif pour protéger et prolonger l’action
Cette initiative suscite déjà l’adhésion de nombreux habitants et attire l’attention d’acteurs environnementaux locaux. Crispin Ngakani, activiste reconnu et point focal de Climat Clock RDC, rappelle que Bukavu est confrontée à de graves crises environnementales : changement climatique, inondations, glissements de terrain, disparition du couvert végétal.
« La plantation d’arbres initiée par la Pharmakina est une bonne approche, surtout dans une ville en plein déboisement au profit de l’habitat. En plein centre-ville, les maisons remplacent les arbres, ce qui dénature l’attribution de Bukavu la ville et fait perdre la quasi-totalité des arbres jadis observés le long des artères principales, secondaires et dans les ménages », déplore-t-il.
De son côté, Maguy Bapolisi, journaliste environnementale et éditrice du média Bravoure-Verte.net, insiste sur la responsabilité partagée :
« Par manque d’arbres dans la ville de Bukavu, il serait bien que d’autres organisations suivent le pas. Si deux ou trois associations s’alliaient à l’idée de la Pharmakina, à long terme, on pourrait avoir plusieurs milliers d’arbres plantés. Les habitants doivent veiller à la protection de ces arbres en dénonçant ceux qui les détruisent. L’environnement, c’est l’affaire de tous et chacun a un rôle à jouer », plaide-t-elle.
Reboiser pour revivre
À l’heure où les politiques vertes manquent cruellement dans de nombreuses villes congolaises, la démarche de la Pharmakina apparaît comme une bouffée d’oxygène.
« Si chaque ménage plantait ne serait-ce qu’un seul arbre, dans cinq ans, Bukavu serait méconnaissable. Elle respirerait à nouveau, elle attirerait même les touristes. La Pharmakina seule ne peut pas tout faire, alors si vous avez une parcelle, une cour, même un coin de terre, venez chercher une plantule gratuitement. Nous vous aiderons à la planter », conclut Nelson avec conviction.
Alors que ces arbres plantés par la Pharmakina le bord des routes sont de plus en plus visibles, une question résonne : Et vous, quand planterez-vous le vôtre ?
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Elie CIRHUZA
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