Pour lutter contre l’insalubrité criante à laquelle fait face la ville de Bukavu, le maire de la ville a instauré à travers une décision un système communément « Salongo ». Le salongo c’est l’appellation des travaux communautaires exigés par l’autorité municipale à Bukavu, effectués chaque samedi de 8h à 10 heures avant l’ouverture de toutes les activités.
Juste à son instauration, cette initiative a été perçue par plusieurs amoureux de l’environnement comme une mesure qui vient rendre sain l’environnement du Chef-lieu du Sud-Kivu.
Malgré l’existence de cette mesure, on observe que d’une autre part, qu’il y a une grande léthargie dans la coordination des activités. A l’intérieur des quartiers par exemple, l’insalubrité bat un record sans précèdent. D’aucuns pensent que la sensibilisation devrait commencer dans des ménages pour se tendre respectivement dans différents milieux publics.
« Les ordures et déchets qui viennent boucher les canalisations et collecteurs et qui finissent par se déverser sur les artères publiques proviennent en grande quantité dans nos ménages. Pour dire que les autorités devraient attaquer en amont et en aval le problème. Le mal est tellement profond qu’il faut trop de rigueurs pour éradiquer l’insalubrité. Des mesures drastiques doivent être prises à l’égard des cadres de base pour prétendre réussir l’assainissement », recommande un habitant du quartier Nkafu Av. George Defour.
A Cimpunda, le chef adjoint du quartier, Bezo Mulegwa, reste convaincu que le seul remède pour palier à l’insalubrité dans la ville de Bukavu est de faire exécuter obligatoirement les travaux communautaires en commençant par les domiciles des habitants avant de s’étendre sur des lieux publics.
Les travaux communautaires de chaque samedi un échec cuisant ?
Quelques mois seulement après, la mesure semble s’écarter de son vrai objectif. Plusieurs personnes déplorent le manque de suivi de la mesure sur les travaux communautaires obligatoires du samedi. Nombreux condamnent l’absence des mesures d’accompagnement pouvant renforcer cette initiative qui du reste serait salutaire pour l’assainissement de la ville mais qui souffre de la non-exécution.
En effet, il s’observe ce dernier temps, une méfiance de la population, un mauvais comportement de certains habitants de Bukavu. Sur les différents quartiers et avenues de la ville on voit des habitants qui se contentent de fermer les portes de leurs maisons commerciales sans rien faire. Nombreux se limitent à la simple obligation de fermer et n’attendent que l’heure sonne (10h) pour rouvrir leurs portes.
Malheureusement la mesure est démise par ces hommes de « mauvaise foi » au mépris du contrôle de l’autorité urbaine.
D’autres malins en profitent pour rester chez eux jusqu’à l’expiration du temps imparti aux travaux communautaires.
Les conducteurs des taxis bus, voitures, des véhicules appartenant aux particuliers, des motos cyclistes restent immobilisés pendant les heures du Salongo attendant l’ouverture de la route pour enfin vaquer librement.
L’arrêté portant assainissement souffre et ne produit aucun effet considérable pour réduire l’insalubrité sur toute l’étendue de la ville de Bukavu.
Contrairement aux jours passés, certains habitants marquent leur indisponibilité au moment du Salongo. Certains vont jusqu’à faire des contributions monétaires pour la motivation de plus actifs qui doivent travailler à leurs places pourtant le Salongo est censé être fait par tous et bénévolement.
Contacté par la rédaction, le conseiller communal, le professeur Dr David Lupande déplore également un manque d’accompagnement des dirigeants. Cet élu de la commune d’Ibande rappelle au maire de la ville Zénon Karumba sa promesse faite lors de sa dernière réunion avec les élus communaux à Nyalukemba que la mairie amènera des camions dans chaque entité pour faciliter l’évacuation des immondices.
‘’Dans une réunion d’Itinérance effectuée à la commune d’Ibanda il y a quelques mois, vous nous avez informé que désormais dans chaque avenue, il y aura des camions qui circuleront pour ramasser des déchets, moyennant une contribution par ménage pour l’abonnement négocié entre votre partenaire affilié et le chef de ménage. Fort est notre déception de voir que quelques partenaires interrogés, ne savent pas nous dire avec précision le nombre de ménages dans chaque avenu, encore moins les chefs d’avenues ou le chef de quartier, c’est qui est déjà un défaut majeur de planification » déplore David Lupande Conseiller communal d’Ibanda.
Cet élu d’Ibanda déplore par la suite le manque d’une bonne politique pour faire adhérer les habitant au processus d’assainissement et les ramener à contribuer pour rendre leurs entités salubres.
« Les habitants de chaque avenue n’ont aucune contrainte pour prendre un abonnement auprès de vos partenaires, ce qui fait que la population pense que l’histoire de déchets ne leur concerne pas, mettant en mal le système d’évacuation des déchets dans son circuit de financement participatif ! Au-delà de ces deux observations évoquées ci-haut, il y a lieu d’insister sur le fait qu’i y a de fois certains habitants s’efforcent de rassembler les déchets à des points précis sur des avenues, mais vos partenaires ne passent jamais le jour même pour ramasser. Certains déchets sortis des caniveaux ont toujours tendance à y retourner après plusieurs jours sans être évacués. Ceci est un facteur de démotivation de ces compatriotes épris d’une petite dose de bonne volonté, » a fait remarquer David Lupande dans sa correspondance adressée au Maire de la Ville.
Le maire agirait en solo
D’autres observateurs pensent qu’au-delà du fait que la maire de la ville essaie d’exemplaire en se dépêchant sur le terrain, le samedi, jour des travaux communautaires, celui-ci semble ne pas être appuyés par ses collaborateurs qui sont les cadres de base.
D’ailleurs la Société Civile Environnementale s’est plusieurs fois indigné de cette attitude des collaborateurs du maire. En Avril dernier, Josué Aruna, de la Société Civile environnementale avait appelé les cadres de base à s’approprier la mesure de l’autorité urbaine.
Il avait dénoncé le fait que ces derniers ne sont pas suffisamment impliqués dans la propreté de la ville alors qu’ils sont les cadres les plus proches de la base.
« Prendre une mesure et rester à la maison est contreproductif. Les cadres de base restent sans organiser les travaux communautaires tels que décrétés par l’arrêté de monsieur le maire. C’est la décision à encourager mais au niveau de la base, ce sont les cadres de base qui devraient entrer en contact avec les comités des jeunes pour espérer avoir une ville propre après un certain temps » avait-il conseillé.