Les pollutions plastiques figurent parmi les grands défis auxquels le monde fait face actuellement, et la ville de Bukavu spécifiquement n’est pas épargnée. CYNESA, un réseau des Jeunes Catholiques pour la Durabilité Environnementale en Afrique), explique que les organisations de jeunesse engagées dans la protection de l’environnement ne se limiteront pas à des échanges virtuels. Elles concentreront également leurs efforts sur l’évaluation concrète des actions quotidiennes qu’elles mènent sur le terrain.
Les discussions et échanges menés par les organisations de jeunes ont pour but d’aboutir à l’élaboration de projets de recherche ciblés, notamment sur la gestion des déchets plastiques dans la ville de Bukavu. Ces OSC se fixent comme objectifs clés de mesurer précisément la quantité de plastique entrant et circulant dans la ville, afin de disposer de données fiables pour mener un plaidoyer efficace.
Une guerre contre les plastiques, la bataille inédite lancée par CYNESA
De ce fait, des solutions palliatives, diversifiées et concrètes sont envisagées en amont, notamment : celle de penser à l’internalisation des externalités, ce qui veut dire que, pour qu’un produit puisse être consommé en ville, il passe par les services douaniers ainsi qu’un service axé uniquement sur l’environnement, qui perçoit des frais pour la pollution. L’interdiction de l’importation des produits plastiques est également envisagée. En aval, les jeunes entrepreneurs environnementaux doivent obtenir des subventions pour faire face aux déchets plastiques.
À chaque activité d’assainissement menée autour du lac Kivu, ces regroupements des jeunes organisent parallèlement des séances de sensibilisation et d’éducation environnementale à destination des jeunes participants. Ces moments permettent non seulement d’informer sur les enjeux écologiques, mais aussi de renforcer l’engagement communautaire en faveur d’un environnement plus sain.
« Les échanges organisés visaient essentiellement à évaluer le niveau d’impact des actions des jeunes sur le développement durable », a déclaré Mugisho Mihigo Daniel, chef des programmes au sein de SYNESA. Selon lui, ces rencontres permettent également de mieux structurer les actions futures et d’éviter la dispersion des efforts.
Au cours des échanges, les activistes environnementaux, au-delà de l’internalisation des externalités, proposent un deuxième plan qui oblige aux vendeurs de ces produits à payer des taxes pour l’environnement, et toutes ces taxes sont versées dans la caisse de l’État.
Tout compte fait, la léthargie dans la gestion des déchets plastiques est décriée par plusieurs organisations de lutte contre la pollution plastique. Ces dernières pensent que, le gouvernement provincial devrait prendre ses responsabilités en main, car il dispose de tous les moyens qui lui sont accordés, que ce soit par les producteurs ou les consommateurs. Mais également, le gouvernement central alloue aux provinces un budget pour l’assainissement et la gestion des déchets.
Rupture du pont pour l’importation du plastique
Pour endiguer la pollution plastique au niveau local, le gouvernement devrait interdire l’importation des déchets plastiques afin de limiter leur propagation sur l’étendue de la province ainsi que réfléchir à une alternative de substitution.
Après l’internalisation des externalités, la responsabilité du producteur sur la finalité de son produit est aussi évoqué
« Lorsqu’un produit arrive à entrer dans une entité, le producteur doit se rassurer de l’utilisation finale de son produit. Il ne doit pas se contenter uniquement du fait qu’il a produit un jus qui est beaucoup consommé, mais il doit absolument se rassurer de la valorisation ou de la gestion de l’emballage. De ce fait, les producteurs devraient prendre leurs responsabilités, notamment soutenir les jeunes dans la valorisation de ces déchets ou avancer les mécanismes de retour de ces emballages pour réutilisation », clarifie Jacques Asumani, master en environnement.
La pollution plastique : les personnes lambda paient les pots cassés
Les déchets plastiques, un poison qui tue, touchent particulièrement les populations les plus vulnérables. Les analystes environnementaux sont convaincus que si l’État prenait ses responsabilités, les gens pourraient être épargnés. En date du 5 juin, le monde a célébré la Journée mondiale de l’environnement sous le thème « Combattre le plastique ». Après plusieurs études, il a été démontré que les microplastiques circulent dans le sang de la population. Ces plastiques qui polluent l’environnement sont consommés par des animaux aquatiques.

Solutions alternatives durables
Par rapport à l’internalisation de l’externalité, il s’agit de montrer que l’on devrait payer pour les pollutions visibles et faire la moyenne pour savoir quelles sont les grandes entreprises qui polluent les écosystèmes ici ou notre environnement. Les pollueurs payants, même s’ils doivent débourser des sommes pour pallier les dégâts qu’ils causent à l’environnement, cela reste toujours un problème majeur à résoudre.
« En tant qu’habitant de Bukavu, bien que nous n’ayons pas assez de bases scientifiques pour confirmer que telle ou telle entreprise pollue, les évidences sont là. Vous verrez avec nous que les déchets qui polluent le lac et les villes proviennent de la société Azam. On devrait faire en sorte que les procédures juridiques soient engagées à l’encontre de cette société et la ramener à ses responsabilités », tacle Asumani.
Cet acteur environnemental pense que, les jeunes ne devraient pas se limiter à collecter des bouteilles plastiques et à faire des sensibilisations. « Même si c’est un geste écologique important, ils doivent déjà aller à une autre dimension de la question entre autres, des manifestations exigeant à toutes les parties prenantes de faire leur part afin de léguer un environnement sain aux futures générations ».
L’origine des déchets plastiques, un mystère dévoilé
Pour réduire la pollution due aux déchets plastiques dans la ville de Bukavu, il faut se baser sur la source d’origine de ces déchets plastiques. La ville de Bukavu a plusieurs canaux qui se déversent dans le lac Kivu. L’œil curieux de l’observateur recommande d’identifier lequel des canaux est connecté à la ville et déverse les eaux usées dans le lac.
« Nous savons que lorsqu’il pleut, tous les déchets se transportent dans le lac. On devra faire des barrages dans ces canaux pour savoir comment on peut arrêter ces déchets plastiques juste à l’entrée du lac. En second lieu, il faut placer des poubelles publiques dans différents milieux tels que les quartiers, les avenues, sur les artères principales, afin de faciliter aux personnes de ces milieux de jeter leurs bouteilles plastiques après usage », recommande le jeune Daniel Kalalizi, physicien environnementaliste et activiste chez Resist Glencore RDC.
À en croire, chaque samedi, lors des séances de routine « Salongo », une fois ces déchets collectés, ils peuvent parvenir aux organisations spécialisées dans la revalorisation pour leur donner une nouvelle vie. Par ailleurs, cet activiste recommande une traque aux récalcitrants qui jetteraient une bouteille sur la voie publique, et qu’une amende leur soit infligée, allant jusqu’à 100 000 francs congolais.
La subvention vers une extinction des déchets plastiques
Les activistes réunis lors de la célébration de la Journée mondiale de l’océan sont unanimes : l’implication des États, en soutenant l’entrepreneuriat des jeunes, réduirait la présence des plastiques dans l’espace public et mettrait les habitants hors de danger.
« On peut demander à l’État congolais de soutenir les jeunes activistes que nous sommes dans le cadre de la transformation de ces déchets. De notre côté, nous fabriquons des pavés avec ces plastiques, nous construisons des bateaux écologiques, nous réalisons des pots de fleurs, ainsi que des nappes et des fleurs avec des déchets plastiques. Malgré leur dangerosité, grâce à nos techniques, nous faisons de ces déchets quelque chose d’utile », a-t-il rassuré, un acteur écologiste.
L’implication des jeunes, un atout majeur dans la gestion durable des déchets
Bisimwa Cito Rolande, étudiante à l’Université catholique de Bukavu, et membre du club Esprit de sauvegarde de l’écosystème, qui a consenti à livrer sa voix au micro du média mkulima.net, reste convaincue que la présence d’une plateforme qui facilite l’épanouissement des échanges et dialogues sur l’impact de la pollution sur les océans et l’avancée des activités environnementalistes est l’une des voies de sortie du marasme environnemental.
La jeunesse est une force non négligeable par rapport à la gestion et à la promotion des milieux aquatiques dans la ville de Bukavu.lire aussi : https://mkulima.net/sud-kivu-du-plastique-tue-aujourdhui-et-tuera-demain/
« Nous avons donné des pistes de solution qui pourront être intégrées à la politique actuelle. Je pense que c’est primordial d’intégrer de manière plus efficace la jeunesse dans la gestion des déchets et cela pourra aider notre pays à avancer de manière plus durable en termes de gestion des déchets », a-t-elle fait savoir.
Par ailleurs, Cito Rolande invite la jeunesse à se réveiller et à entreprendre des actions concrètes afin d’apporter la pierre à l’édifice. Elle reste persuadée que l’apport de la jeunesse peut contribuer à la gestion efficace des milieux aquatiques menacés et de tout environnement dans sa globalité.
La crème intellectuelle, une boussole dressée
L’intégration des élites intellectuelles revêt d’une importance capitale, car c’est à travers la recherche que naîtront les innovations susceptibles de renforcer le système existant. Selon Balagizi Linda, il est essentiel d’identifier des méthodes appropriées afin d’assurer une vulgarisation plus efficace. Il est constaté qu’environ la moitié de la population est analphabète, par conséquent, il convient de mettre en place des mécanismes adaptés pour faciliter l’accès de ce segment de la population à des contenus qui restent par ailleurs sélectifs. Les élites intellectuelles préconisent l’instauration de dispositifs permettant une diffusion des informations environnementales dans des langues accessibles et compréhensibles.
« Le comble est que nous nous limitons à informer les gens qui le sont déjà tout en oubliant qu’il y a une grande partie qui n’a aucune connaissance sur le sujet que nous abordons déjà. Alors nous devons approcher cette partie de la population en utilisant bien les langues locales que nous devons bien maîtriser nous-mêmes pour être en contact direct avec notre cible. Là-bas, nous devons leur parler de l’importance de ce que nous faisons et comment est-ce que ça a un effet direct ou indirect sur leur vie quotidienne, » propose Balagizi Linda Tatiana, jeune activiste et étudiante en environnement à l’UCB.
Plusieurs organisations basées à Bukavu, reconnue comme l’une des villes les plus affectées par la pollution plastique, se mobilisent de manière coordonnée pour assainir le sol de Bukavu et ses environs, ainsi que pour préserver le lac Kivu et sa biodiversité.
Les conclusions tirées de ces échanges seront rassemblées dans un rapport qui sera partagé avec les décideurs politiques, les autorités locales et les partenaires techniques. Ce document servira de base pour orienter les politiques publiques et favoriser l’intégration des initiatives de la jeunesse dans les stratégies environnementales régionales.
Par ailleurs, les discussions ont abouti à l’élaboration de projets de recherche ciblés, notamment sur la gestion des déchets plastiques dans la ville de Bukavu. L’un des objectifs clés est de mesurer précisément la quantité de plastique entrant et circulant dans la ville, afin de disposer de données fiables pour mener un plaidoyer efficace.
Patrick Babwine
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