Environnement : Victime d’une double saison, Bukavu nécessite des mesures urgentes et appropriées

des catastrophes causées par des pluies, des incendies
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Au Sud-Kivu, chaque saison qui s’annonce, arrive avec une série des scénarios qui plongent la province dans un bain de sang et particulièrement la ville de Bukavu.  Des incendies, des inondations ou encore des éboulements, tels sont des drames auxquels la ville de Bukavu et certains territoires sont confrontés à chaque changement climatique occasionnant d’énormes pertes en vies humaines et matériels.  La maîtrise de la situation semble échapper au contrôle des dirigeants pourtant prévenus. La mauvaise gestion des déchets ménagers, les constructions anarchiques sur des sites jugés inappropriés exposent les habitants à des catastrophes inattendues.

Suite à cette situation préoccupante, les avis des différents analystes politiques, indépendants, écologistes et cadres de la société civile fusent de partout pour décrier ce qui se passe dans la province et particulièrement dans la ville de Bukavu. Ils sont tous convaincus que quelque chose doit être fait pour que la province et la ville de Bukavu en particulier soient mises hors d’état de nuire. Tellement le mal est profond, pour y parvenir, l’on devrait faire face à trois facteurs qui soient à la base de la dégradation de l’environnement dans la ville de Bukavu, notamment : l’exode rural, des constructions anarchiques, mais aussi la mauvaise gestion des déchets partout dans la ville de Bukavu.

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Le débordement dit à la transition entre les deux saisons, que disent les scientifiques ?

A chaque transition d’une saison vers une autre dans la ville de Bukavu les incendies se multiplient et déciment des maisons des particuliers en soumettant la population à une pauvreté sans pareil. L’annonce de la saison pluvieuse impose des drames aux habitants qui sont soumis à vivre un calvaire. La population dans la ville de Bukavu doit faire face aux désastres affreux causés par les eaux d’écoulement. Des effondrements des murs, des maisons qui sont contrées à céder face à la méchanceté des eaux qui fragilisent le sol. Aucune mesure salvatrice n’est envisagée pour prévenir le pire contrairement aux pays développés où les signes de temps dictent aux dirigeants un modus vivendi pour gérer et éviter d’être pris au piège. Quelle alternative proposée par les scientifiques, qui sont censés dévoiler les signes de temps en prévenant les dépositeurs du pouvoir et les pousser à prévenir les risques si pas les éviter ?

’Dans des pays du Nord, lorsqu’il y a de pareilles questions, se sont des scientifiques qui réfléchissent sur de pareilles questions et proposent des réponses purement scientifiques. Aujourd’hui le regard du monde est fixé vers l’environnement sur le réchauffement climatique, ou il y a le déboisement, il y a déforestation. Vous êtes sans ignorer que les arbres nous aident à retenir et à ralentir la pression de l’écoulement de l’eau. Lorsqu’il y a déboisement et déforestation, la rapidité de l’écoulement des eaux s’augmente et le sol n’arrive plus à supporter les arbres qui devraient retenir de l’eau. C’est cette filtration rapide d’eaux qui cause des éboulements que nous subissons à Bukavu’’ déplore l’analyste Daniel Mugisho.

L’exode rural, Bukavu surpeuplée et prête à lâcher

Fouillant l’insécurité grandissante qui est entretenue par des groupes armés qui écument les milieux ruraux, tout le monde veut avoir un lopin de terre à Bukavu peu importe le milieu. S’il faut faire une analyse comparative on peut se poser une question de savoir pourquoi il n’y a pas débordement dans certains coins facilement abordable dans la ville et d’autres non ? Dans certains quartiers de la commune d’Ibanda, le flux de déplacés n’a pas été enregistré. Moins de drames y sont également remarqués. C’est le cas de Muhuma, la Labote, avenue Fizi, Nyawera car bien aérés. Mais pourquoi seulement vers Mukukwe, Kaluziba, Panzi, dans presque la grande partie de la commune de Kadutu ainsi que vers Bagira Centre ? Avec une entrée incontrôlée des personnes qui viennent dans différents milieux ruraux, la gestion des déchets devient quasiment un casse-tête. Plus d’un observateur croit qu’on devrait repenser la politique d’urbanisation et de gestion des déchets.

’Nous avons estimé que parmi les causes il y a aussi la gestion des déchets. Pour les gens de Mukukwe la population a pris des initiatives pour réhabiliter ces endroits mais un lot important des déchets dans le marché déborde et arrive à boucher les canalisations d’eaux sous les yeux des autorités provinciales et l’autorité communale d’Ibanda’’, lâche Daniel Mugisho sur les ondes d’un média local dans la ville Bukavu.  

Néné Bintu, est présidente du bureau de coordination de la société du Sud-Kivu. Elle soutient aussi la prolifération des personnes qui quittent l’intérieur et qui souhaitent à tout prix avoir des lopins des terres dans des espaces périphériques de la ville de Bukavu sans tenir compte de la dangerosité sont à la base de cette situation.

Des inciviques ou « terroristes » environnementaux, un mal profond

Dans ce qui se passe, la responsabilité des habitants qui construisent sur des sites inappropriés, ou d’autres qui jettent des déchets un peu partout est à signaler. Des personnes « inciviques » qualifiées de terroristes environnementaux évacuent leurs poubelles en jetant des immondices dans les caniveaux et voies d’évacuations des eaux.  D’aucuns pensent que les acteurs de la société civile devraient se déployer pour sensibiliser la population à faire preuve d’un peu de civisme. Apprendre à la population comment gérer d’une manière responsable et civilisée leurs déchets ménagers et les bouteilles plastiques.

Zozo Sakali, un acteur de la société civile et militant de l’environnement, soutient que la mission des acteurs sociaux se limite à 4 aspects dont les alertes, la sensibilisation à la documentation mais surtout faire pression sur les dirigeants pour que des solutions rassurantes soient trouvées. Les écologistes restent unanimes que la mauvaise gestion des déchets, dans la ville de Bukavu, est l’un des facteurs des catastrophes.  La crainte de la plupart est que la partie démographique croise, alors que la planification urbanistique ne suit pas.

« Quand on parle des constructions anarchiques cela veut dire qu’on n’est pas en train de vouloir trouver une solution. Quelqu’un vient, il achète, vous lui dites qu’il construit sur un site impropre, mais la personne qui lui a vendu n’a pas vendu un site impropre. L’argent est propre et le site est propre lorsqu’il faut vendre. La réalité est que la ville d’une superficie de 60 km carré a évolué assez rapidement sur le point de la densité démographique et l’évolution urbanistique n’a pas suivi, » fait savoir Zozo Sakali, cadre de la société civile.

Muhumba n’est pas un bon exemple urbanistique (Zozo)

Pour cet acteur de la société Muhumba et Labote ne sont pas des bons exemples par rapport à l’évitement des catastrophes.

« Donnez-moi un seul cas où vous avez enregistré des incendies et éboulement dans le quartier Mulwa ou Cikera. Lorsqu’on veut faire croire aux gens que la ville de Bukavu se limite à Muhumba et dans une partie patrice Emery Lumumba qui traverse deux quartiers. Lorsque nous parlons de gestion des déchets comme problématique c’est très sérieux et la question est de savoir ce qu’on fait ? » interpelle-t-il.

Par ailleurs, il invite tous les partis politiques et acteurs sociaux à intervenir et participer aux travaux d’intérêt communautaire en lieu et place de focaliser leur attention seulement sur des questions purement politiques.

Les partis politiques une force pour l’assainissement

Au cours de ses analyses, Emmanuel Mulindwa, cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) recadre le système et propose que la province songe à la création des synergies nationales.

Ce cadre politique, dans ses observations, démontre comment pendant la saison sèche les agents payés par le Fonds social ramassaient des immondices dans les caniveaux et les entreposaient à côté de ces mêmes caniveaux. L’ironie de sort est que lors de la pluie ces mêmes ordures rentrent dans les caniveaux occasionnant des débordements. Tous ces déchets sont charriés vers des maisons et au finish, ce sont des pleurs et grincement des dents qui s’en suivent.

Gouverner c’est impliquer les Nyumba Kumi

Les analystes politiques se posent la question de savoir si réellement les autorités (Gouverneur, ministre de l’environnement, maire de la ville ou les bourgmestres des trois communes) ont vraiment du temps pour cerner le problème de gestion de l’environnement. Nombreux pensent que les autorités devraient concevoir des stratégies devant impliquer directement les cadres de base et discuter avec eux sur la question cruciale de l’environnement. Les cadres de base doivent être impliqués et utilisés par l’autorité.

‘’Beaucoup de ces déchets qui détruisent l’environnement viennent de nos ménages mais l’échec est la non implication de cadres de 10 maisons qui d’ailleurs ne sont pas bien gérés. Les chefs des quartiers et d’avenues se limitent à la sensibilisation mais n’ont pas une force d’imposition. La police ne reconnaît comme autorité, le Gouverneur, le maire de la ville et ou les bourgmestres. Si les gens ne travaillent pas en synergie et lorsqu’on touche le Nyumba Kumi ou le chef d’avenue c’est le Gouverneur qui est directement touché et là, il n’y aura pas une réussite’’, interpelle Emmanuel Mulindwa

L’Etat congolais porte sur son dos des victimes des catastrophes

Dans tout ceci on a tendance à dédouaner l’Etat congolais pour montrer que ce sont les victimes qui sont à la base de leur propre malheur. Plusieurs ne veulent pas dénoncer le fait que la vente désordonnée des terrains ou des espaces sans tenir compte des risques que courent les occupants est attribuable à l’Etat.

En effet, des personnes engagées par l’Etat perçoivent de l’argent pour enfin livrer des autorisations de bâtir sur des sites dits impropres, alors qu’avant d’être un site impropre à la construction il devrait être site impropre à la vente. 

’S’agissant des causes de ce qui se passe, nous devons nous dire que nous sommes face à certains dirigeants qui ne connaissent pas la ville qu’ils dirigent. Savez-vous bien que la moitié de la ville de Bukavu se situe à Kasha si on peut seulement prendre sa superficie seulement ? Si nous prenons la superficie seulement de kanochi, cikera, Mulambula cikonyi, Cahi, Mulwa, Ciriri, Buholo Kasha et consort. Sur le plan démographique, la moitié de la ville se trouve à Kadutu. Et seulement vous avez deux ou trois quartiers notamment Mosala et Nyamugo où il y a presque tout le monde. Les espaces à Mulwa il n’y a personne et il y a des hectares non habités.’’ fait observer Zozo Sakali.

Tout le monde veut avoir sa petite parcelle à côté du marché, tout le monde veut habiter Ndendere parce que l’on connaît qu’il y a le lux et on peut facilement voir des différents partenaires.

Les habitants invités à la prudence

Il est évident qu’on peut éviter ces drames si tout le monde parvient  à développer des réflexes pendant le mauvais temps.  Des mesures d’alerte peuvent être envisagées par des dirigeants pour faciliter les gens à éviter pareille situation. Néanmoins, si l’on essayait de valoriser d’autres milieux comme Kajangu, Nyakaliba dans le Kadutu ainsi que donner de la valeur au quartier Panzi dans la commune d’Ibanda, les quartiers de la commune de Bagira moins peuplés ceci désengorgerait la ville.

L’activiste politique Daniel Murhula regrette des milieux comme Elakate où des maisons sont construites sans songer à des canalisations à la taille de la population occupant la ville. Les canalisations qui sont construites ont dépassé leur capacité de charge. Aujourd’hui Bukavu est à plus d’un million d’habitants contrairement au nombre prévu par l’homme blanc.

« Partout aujourd’hui si vous prenez la colline vers ITFM, là ce n’est pas bon. Ce sont des gens qui construisent des maisons au jour le jour. Si vous allez vers Elakate, des maisons-là sont construites à haut risque et il n’y a pas de canalisation. Des maisons sont superposées les unes sur les autres et tout ça ce sont des problèmes. Les canalisations ont dépassé leurs capacités de charge. Les blancs ont construit cette ville, quelle était la projection démographique ? La ville de Bukavu devrait accueillir 45 000 habitants mais aujourd’hui nous sommes à plus de 2 000 000 » note Daniel Murhula.

 Bukavu pour quelle projection de prévention ?

La gouvernance en place a-t-elle des projections dans l’avenir, une prévention par rapport à la vie ? Est-ce qu’il y a des mesures palliatives pour la gestion environnementale ? En dépit des petites initiatives envisagées par le ministre de l’environnement pour assainir la ville, le mal est profond pour se limiter aux actions superficielles.

Plusieurs environnementalistes pensent qu’il faut le curage des rivières comme Gahuwa et plusieurs autres qui sont régulièrement à la base des débordements qui causent des dégâts.

’Est-ce qu’on doit continuer à parler, il y a des étudiants de l’environnement qui ont rédigé des mémoires, il y a des professeurs qui ont rédigé des articles, moi-même je suis en train de travailler sur l’analyse de chaîne des valeurs afin d’éviter les plastiques dans la ville de Bukavu parce que c’est un problème sérieux aujourd’hui.  Mais est-ce que ces résolutions scientifiques ont été prises en considération par les politiques ? Pour gérer la société normalement dans des pays évolués, on appelle les spécialistes en la matière’’, interpelle Daniel Murhula.

Pour faire face aux gigantesques déchets, la société civile environnementale propose la valorisation des déchets. Il faut savoir comment est-ce qu’on peut valoriser les bouteilles plastiques pour faire du business. Dès lors qu’on transforme ça en business au lieu de jeter la bouteille, la tendance sera de garder cette bouteille et aller vendre ça à des entreprises.

C’est dans cette logique que le ministre de l’environnement Didier Kabi appelle les uns et les autres au sens de responsabilité. La province a d’ailleurs signé un contrat avec une société privée qui va investir dans le recyclage et la transformation des déchets. Nombreux environnementalistes saluent cette approche et espèrent que c’est une voie de sortie pour la ville de Bukavu.

Ntabola Babwine

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