Dès le début de la saison sèche en mois de Mai 2025, dans certaines parties de la province du Sud-Kivu, il s’est observé des fortes pluies, alors qu’on est en pleine saison sèche. Certains agriculteurs évoquent le changement climatique comme explication, tandis que les scientifiques affirment qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter, car ces phénomènes sont normaux. Ils soulignent que des pluies peuvent survenir durant la saison sèche, notamment en juin et juillet, tant que l’on ne puisse faire allusion au changement climatique tel que le prétendent plusieurs observateurs.
Juillet est souvent considéré comme le mois le plus ensoleillé, propice à la récolte et au séchage des semences par les agriculteurs. Ce mois favorise également la maturation de certaines cultures en attente de récolte. Cependant, dans la province du Sud-Kivu et dans certaines d’autres régions de la RDC, les pluies et les vents deviennent de plus en plus fréquents. Pour les chercheurs, il est crucial de prévoir des précipitations durant la saison sèche afin d’assurer l’approvisionnement en eau nécessaire à l’agriculture. La présence de pluie durant les mois de juillet, août et septembre est perçue comme une situation normale, sans qu’il soit nécessaire de recourir au terme de « changement climatique » pour l’expliquer.
Une situation qui perturbe les agriculteurs
L’ingénieur agronome Byamungu Kakolela et agriculteur dans le territoire de Mwenga souligne les effets néfastes des pluies durant la saison sèche, en particulier sur l’agriculture. Il explique que la conservation de l’eau de pluie pendant cette période entraînent des coûts de production élevés, notamment en raison des travaux de nettoyage et de sarclage excessifs. De plus, ces pluies peuvent générer des conflits entre les propriétaires terriens et les locataires (métayers).
« Ces précipitations retardent les préparations des champs, elles peuvent conduire à la perte de plants dans les germoirs et l’absence de cultures spécifiques à la saison sèche, telles que les haricots et le riz dans le territoire de Mwenga. Cette situation engendre une rareté des semences pour la saison suivante et une diminution des produits agricoles sur les marchés », a révélé l’Ir Byamungu Kakolela.
Ces pluies, bonheur des uns et malheur des autres
Suite aux récentes pluies observées dans divers territoires de la province du Sud-Kivu, les opinions divergent. Pour certains ces précipitations un signe indéniable du changement climatique, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit d’un phénomène naturel sans raison d’inquiétude. Sabin Chobohwa, gérant de la coopérative de la Ligue des Producteurs Agricoles et de Commerce COOLPAC, a rassuré les agriculteurs de Kalehe en les conseillant de faire preuve de patience.
« Les pluies en juillet, en pleine saison sèche, sont normales et essentielles pour la préparation de la saison culturale A dans le territoire de Kalehe. Toutefois, nous admettons que ces pluies peuvent avoir des effets négatifs sur l’agriculture », reconnait Sabin Chobohwa de COOLPAC.
Des pluies difficiles à mesurer ?
Pendant ce temps, Kulire Arsène, un agriculteur en territoire de Walungu, exprime ses préoccupations face à l’absence de matériel pour mesurer les précipitations, ce qui complique l’évaluation de leur impact sur la production.
« Nous nous inquiétons beaucoup de cette pluie pendant la période de la saison sèche. Les producteurs s’indignent sur la période de semis et ils n’ont pas d’appareils pour mesurer la pluviométrie car ils n’ont pas de connaissance sur la météorologie » s’indigne Kulire agriculteur dans le groupement de Nyangezi en territoire de Walungu.
Le service chargé de la météorologie au Sud-Kivu pense qu’en ce mois de juillet 2025, la météo à Bukavu, sera généralement ensoleillée avec des averses possibles. Ce service précise il y aura environ 18 jours ensoleillés, mais on pourra s’attendre à des précipitations dans environ 19% du temps, généralement modérées. Les températures minimales moyennes seront d’environ 19°C.
« Plus précisément, La Chaîne Météo indique qu’il y aura une probabilité de 82% pour un temps avec un maximum de 25°C et un minimum de 17°C, avec des vents à 15 km/h. Il y a également 4% de probabilité de pluie avec des températures maximales de 18°C et minimales de 16°C, avec des vents toujours à 15 km/h« , on peut lire sur la Chaîne Météo. Ces temperatures ne sont que des prévisions.
Que dit la science ?
Des pluies pendant la saison sèche n’ont aucun inconvénient sur les activités agricoles et n’influencent pas trop sur le changement climatique. De plus en plus des précipitations adéquates peuvent contribuer à la régénération des écosystèmes et à la préservation de la biodiversité, ce qui est crucial pour maintenir l’équilibre environnemental. En somme, les spécialistes en météorologie pensent que la planification des pluies durant cette période serait fondamentale pour garantir la durabilité des activités humaines et la santé des écosystèmes.
« Oui, il est possible qu’il pleuve pendant la saison sèche, bien que ce soit moins fréquent. La saison sèche est caractérisée par un manque général de précipitations, mais des averses isolées peuvent survenir en raison de facteurs météorologiques variés », fait savoir Mulendezi Jean Baptiste, prof docteur en Géographie à l’Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu, ISP.
Cette anticipation permet de mieux gérer les ressources hydriques, de prévenir les pénuries et de soutenir la croissance des cultures. L’inquiétude émise par la population sur cette mutation climatique brusque qui porte à croire à une perturbation climatique trouve sa réponse dans la science.
« Il arrive qu’en saison sèche nous ayons de pluies, mais pas des pluies irrégulières moins encore abondante. Dans la saison de pluie également il y a de fois on a de soleils sporadiques de même pendant la saison de pluie il y a de fois le soleil mais qui est sporadique. Nous précision bien, il y a trois conditions qui font qu’il ait des pluies pendant la saisons sèches. D’abord, il doit exister un capital précipitable, c’est-à-dire une étendue d’eau ou une couverture végétale qui provoque une évaporation. On doit avoir la température qui provoque l’évaporation. Hormis la température on doit faire référence de relief qui mènerait au fait combiné du vent et de l’ergographe afin de conduire la masse d’aire vers l’atmosphère », ajoute le professeur Mushengezi.
Déplacement de fronts froids
L’augmentation de précipitation durant la saison sèche s’explique scientifiquement par soit des fronts froids venant d’autres régions qui peuvent parfois traverser la zone, apportant avec eux des précipitations même en saison sèche. Des systèmes météorologiques inhabituels peuvent perturber les conditions habituelles de la saison sèche, entraînant des averses sporadiques lire réchauffement climatique.
Il est important de souligner que des variations climatiques peuvent survenir, nécessitant ainsi une adaptation de la part de la population. Même durant la saison sèche, des fluctuations locales peuvent entraîner des précipitations inattendues. Bien que cette saison soit généralement associée à un faible niveau de pluie, des études scientifiques montrent que des averses peuvent se produire en raison de conditions météorologiques particulières. Le géographe Mushengezi, dans un entretien avec la rédaction, explique que le mouvement de l’atmosphère peut entraver l’ascension de la vapeur d’eau. En somme, pour qu’il y ait des pluies, il est essentiel que cette vapeur d’eau s’élève dans l’atmosphère ; sans cela, il n’y a pas d’humidité disponible.
« Un jour peut être considéré comme sec si la quantité de pluie enregistrée est inférieure ou égale à 1 mm. Cela signifie que si le pluviomètre indique 1 mm ou moins, ce jour est qualifié de « sec ». La pluviométrie, qui mesure les précipitations en millimètres, évalue la quantité d’eau tombée sur une surface donnée. En général, des précipitations supérieures à 1 mm sont perçues comme significatives, bien qu’elles puissent être qualifiées de faibles. Ainsi, une mesure de 1 mm ou moins est associée à un jour sec », a précisé le Prof en géographie et enseignant des Universités, Mushengezi JB.
Il est essentiel de souligner que c’est le rapport entre les précipitations et la température qui permet de déterminer l’existence d’une sécheresse. Selon ce chercheur en géographie, le climat a toujours connu des variations naturelles. Ces fluctuations de température entraînent des changements dans la quantité d’air dans l’atmosphère, ce qui provoque une augmentation de la température et de la pression.
Que dit la sagesse locale ?
De plus, il convient de noter que la localisation géographique peut également influencer ces paramètres, car les régimes de pluie varient d’un endroit à l’autre. Ces divers facteurs peuvent engendrer des précipitations normales sans qu’il soit nécessaire de parler de changement climatique. Dans la culture locale, on évoque l’expression « Ciyumya a’malambo » pour décrire les fortes pluies qui tombent en juillet ou en août, sans que cela soit perçu comme un changement climatique.
‘’Dans l’ancien temps, les sages savaient que pendant les deux mois juillet et août on a toujours eu des pluies qui ont pour mission de faire pousser les herbes après qu’on a lancé le feu de brousse. Ce sont des fortes pluies mais pas trop régulières mais qui ont vraiment un sens chez nous dans le Bushi. Elle joue un rôle crucial dans le cycle de l’eau et le maintien de l’écosystème. Elle permet de recharger les nappes phréatiques, favorise la croissance de la végétation et rafraîchit l’atmosphère’’, raconte Janvier Kaburugwa, un agriculteur de 69 ans dans le groupement de Cirunga à Kabare.
Et le vent s’impose
Les changements dans les régimes de vent peuvent également influencer les schémas de précipitations, amenant des masses d’airs humides à des endroits où elles ne sont pas habituelles. La région Est de la RDC sous influence de masse d’air dite les Elisés du Sahara qui prend naissance sur le continent et elle est sèche. Par conséquent à son arrivée peuvent provoquer des précipitations sporadiques tout en provoquant des pluies inattendues.
Le réchauffement climatique et sa conséquence sur l’agriculture
Le réchauffement climatique est à la base des perturbations saisonnière, car il occasionne des émissions du CO2 qui est un gaz réchauffant l’atmosphère. Il favorise l’évaporation à la surface dans le mouvement subsidiant il faut y avoir de précipitation. Les mois de juin, juillet et aout saison sèche et aussi septembre est en train d’être complémentaire.
Signalons que l’Est de la RDC, notamment le Sud-Kivu connait généralement deux saisons dont la saison sèche et celle pluvieuse. Le géographe Mushengezi pense que à cause de 3 ou 4 fois que l’on voit de pluies cela ne pousserait pas à conclure que juillet est humide. Il y a des indices climatiques qui doivent pousser à dire que le mois est humide ou sec et en particulier le rapport entre la précipitation sur la température.
Patrick Babwine
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