Pollution plastique : allons-nous laisser le lac Kivu mourir sous nos yeux ?

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A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, Bukavu a vibré au rythme d’une action écologique d’envergure. Plus d’une centaine de jeunes, issus d’associations et d’universités locales, se sont rassemblés pour nettoyer les rives du lac Kivu, un joyau naturel menacé par la pollution plastique. Leur engagement réaffirme une réalité essentielle : la préservation de notre environnement est l’affaire de tous.

Dès 9 heures du matin, après un briefing préparatoire, les participants se sont divisés en petits groupes de dix. Équipés de gants, de cache-nez et de sacs de collecte, ils ont sillonné les berges du lac pour y extraire des déchets plastiques. Chaque geste posé, chaque déchet ramassé, témoigne d’une volonté collective de restaurer l’intégrité écologique de cette ressource vitale.

Une alerte lancée par les experts

François Zagabe, ingénieur en hydrologie, met en garde contre les conséquences graves de cette pollution sur la faune aquatique.

« Cette pollution engendre du stress et contraint parfois les poissons à quitter leur habitat naturel. Elle réduit également la capacité des animaux à communiquer, à localiser des proies et à trouver des partenaires. Les bouteilles plastiques absorbent l’oxygène des poissons en profondeur, mettant en danger des espèces rares qui risquent de disparaître face à cette menace persistante », explique-t-il.

Shadrack Habamungu, coordonnateur d’Action Santé, renchérit : « L‘absorption de microplastiques par le biais des poissons peut provoquer divers problèmes de santé, notamment le cancer du côlon, du sein et du poumon. De plus, cela peut perturber le fonctionnement du foie et du système hormonal.»

Un cadre légal ignoré

Daniel Mihigo, étudiant en droit et représentant du réseau des Amis de la Nature, déplore le non-respect des lois environnementales en vigueur.

 « Il y a des lois et des mesures qui existent au niveau national, régional et international mais qui ne sont pas appliquées. Par exemple, la loi N°11/009 du juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement. Le décret 1968 par rapport au respect de 10 mètres de rives et au niveau international les négociations par rapport à l’écocide », souligne-t-il.

L’engagement des femmes en première ligne

Dans un mois où le monde célèbre les droits des femmes, leur présence dans cette action est remarquable. Nicole Menemene, directrice de l’entreprise sociale Plasticor, exprime sa satisfaction : « Je suis contente d’avoir été invitée par un jeune afin de prendre part à cette activité qui réunit plusieurs jeunes de différentes associations. Cependant, j’aimerais appeler les jeunes d’autres provinces où la pollution plastique n’est pas encore grave à se lancer déjà dans la lutte avant qu’il ne soit trop tard.»

Vers un changement durable

Cubaka Bisimwa, coordonnateur de la Synergie des écologistes pour la protection de l’environnement, insiste sur l’importance de l’action individuelle, et fait savoir que chaque habitant doit prendre conscience de la manière dont il gère ses déchets.

Daniel Cirimwani, point focal des jeunes catholiques engagés pour un environnement durable, partage un constat alarmant.

« Aujourd’hui, nous sommes en train de faire face aux conséquences de la mauvaise gestion des déchets plastiques dans notre ville, voilà que les retombées de nos actes sont visibles. Les poissons et les fretins sont devenus rares, alors qu’auparavant, ils étaient abondants », explique-t-il.

Une jeunesse qui refuse de subir

Pour Héritier Mutimanwa, coordinateur de l’association Vijana Shujaa, affirme avec conviction : « Ce n’est pas juste une journée symbolique. Nous voulons faire de cette lutte un combat quotidien .» Cet engagement, loin d’être éphémère, s’inscrit dans une démarche durable.

De son côté, Arnaude Zagabe, membre de lions Club International et organisateur de l’événement, se réjouit de voir l’engouement des jeunes.

 « Nous faisons chaque dernier samedi du mois cette activité et c’est une joie de voir que nombreux jeunes se sont joints à nous. Nous nous focalisons sur l’environnement lacustre, et comme les poissons sont en danger, nous nous sommes dit à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau d’assainir en ramassant les déchets plastiques flottant sur le lac. »

Il ajoute : « Comme perspective à venir, nous souhaitons installer des barrières flottantes pour empêcher les déchets plastiques d’atteindre les installations du barrage électrique de Ruzizi 1, mais aussi pour faciliter un ramassage plus ciblé. »

Agir avant qu’il ne soit trop tard

Cette Journée mondiale de l’eau à Bukavu ne fut pas qu’un simple événement. Elle a été un réveil collectif, un cri d’alarme face à l’urgence environnementale. Après la collecte, certains jeunes se sont attelés à recycler ces déchets pour en faire des pavés écologiques ou des œuvres d’art.

La question demeure : sommes-nous prêts à prendre nos responsabilités pour préserver durablement le lac Kivu ? Le changement est entre nos mains. Agissons maintenant, avant qu’il ne soit trop tard !

Elie CIRHUZA


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4 thoughts on “Pollution plastique : allons-nous laisser le lac Kivu mourir sous nos yeux ?

  1. Nous sommes ému de voir aussi ce reportage, qui montre en détail l’activité que nous avons réalisé

  2. Rien n’est plus beau que de se mettre au service des autres.
    Chaque action menée transforme et maintient une vie, ensemble élevons nos voix, agissons et innovons.
    Action santé toujours au service de l’humanité.

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