Dans la province du Sud-Kivu, autant la saison sèche est un problème pour les agriculteurs, autant la saison pluvieuse en est pour ces derniers. Cette saison pluvieuse cause du tort aux agriculteurs avec des érosions qui emportent tout sur leurs passages et des grêles qui détruisent des plantes en floraison. Ces pluies qui s’annoncent rides dans la province du Sud-Kivu, semblent être dangereuses pour les activités agricoles en province. D’un côté, les champs sont inondés et de l’autre côté les cultures faites sur les pentes sont érodées par la forte pression des érosions. Les agriculteurs se plaignent de la forte précipitation qui risque de réduire leurs efforts au néant.
Les activités agricoles qui s’effectuent sur les versants des montagnes et qui ne respectent pas les principes de bonnes pratiques agricoles sont sabotées par les pluies abondantes dans certains territoires où l’agriculture est opérée sur les hautes altitudes.
Les agriculteurs dans le Kalehe paient le lourd tribut
Contacté par la rédaction du média en ligne Mkulima.net, Valery Chebujongo acteur de développement, fait savoir que la situation environnementale à Kalehe est actuellement préoccupante suite aux pluies abondantes qui s’abattent sur la majeure partie du territoire et surtout sur la littorale causant des pertes énormes chez les agriculteurs.
‘’Ces pluies causent ainsi des dégâts énormes et collatéraux notamment des érosions et des éboulements. Les inconvénients sur l’agriculture sont nombreux comme par exemple l’infertilité champs due à l’épuisement du sol par les eaux d’écoulement ainsi que les pourrissements des plantes. La culture exercée sur le versant, il est difficile de s’y prendre car les agriculteurs sont tous débordés. Les champs qui ont même des courbes de niveau c’est toujours difficile suite à une forte pluie qui draine des érosions à grande pression’’, fait observer Valery Chebujongo.
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Dans le territoire de Kalehe les agriculteurs lancent un cri de détresse et déplorent la destruction de leurs semis pendant cette période de saison pluvieuse. Certains agriculteurs interrogés par la rédaction n’ont pas caché leur déception vis-à-vis de la situation dont ils sont présentement victimes.
« Ces fortes pluies scandalisent tous les secteurs dans notre territoire déclaré sinistré depuis l’avènement des catastrophes qui ont endeuillé notre sous village de Bushushu. Au-delà de pertes en vies humaines que nous ne cessons d’enregistrer, nos champs sont complétement essuyés par les eaux de pluie. Les érosions emportent les semences et les plantes. Des rivières en périodes de crue sortent dans leurs lits pour aller dévaster nos champs. Les activités anthropiques exercées par certains inconscients qui se sont livré à l’abattage des arbres dans la forêt et au tour de nos champs se retournent contre nous et nous font payer le prix », regrette Willy Ciringa, un cadre de développement dans le village de Bushushu en territoire de Kalehe.
Pour l’abattage des arbres, les agriculteurs à la croisée du chemin
Alors que plusieurs voix ne cessent de se lever pour condamner le déboisement et la déforestation à grande échelle. La coupe des arbres et arbustes se porte bien à Kalehe. Pourtant les agriculteurs victimes de cette méchanceté environnementale affirment que la sauvegarde des arbres est un facteur important pour la protection du sol dans leurs entités. Ces arbres sont considérés à certains endroits comme des antiérosifs et par conséquent, l’agriculture est bien rassurée sans les moindres risques de glissement de terre.
Les producteurs agricoles sont à la croisée du chemin, car confrontés déjà à la colère du climat. Certains ne savent plus à quel saint se vouer.
Suite à la brutalité climatique, les activités anthropiques sur les aires protégées et l’abatage des arbres plantés, les agriculteurs sont obligés de faire face aux inondations et érosions. Ces derniers sollicitent les orientations de la part des agronomes et d’autres scientifiques pour pallier aux menaces dites aux aléas de la saison car leurs méthodes ont vieilli et ne sont plus adaptées, par conséquent elles devraient être repensées.
La culture en escaliers sur pente, une solution pour réduire la pression des eaux
Les techniciens eux pensent que les agriculteurs qui exercent leurs activités champêtres sur les versants de la montagne n’ont pas à perdre de l’espoir car l’usage des bonnes pratiques agricoles reste le seul moyen pour sortir de cette situation. Les agronomes soutiennent que tout n’est pas fini. Il est juste une question d’appliquer les méthodes de la culture en escalier avec drains sur les pentes pour réduire la pression de l’eau. Les techniciens proposent également des canalisations et drainages pour la culture des bas-fonds pour limiter les inondations.
Pour le cas d’une culture pratiquée sur une pente, il y a des mesures antiérosives envisagées dans le cadre de la protection de culture contre l’érosion. L’ingénieur Daniel Mutegeza, chef de Bureau protection et végétation à la division provinciale de l’agriculture au Sud-Kivu recommande aux agriculteurs qui exercent sur la pente de le faire dans le respect de courbe de niveau. Cela étant, Daniel confirme que cette méthode serait la meilleure pour contourner et lutter contre les érosions. Cette technique faite sous forme d’escalier permet de diminuer la pression de l’eau sur les cultures.
« Cette pression d’eau sera diminuée par la force continue ou discontinue. On creuse les fosses qui avalent de l’eau et à la limite de chacune des fosses on fait deux trous dans les extrémités de la fosse où seront plantés les arbres agroforestiers. Cette pratique suivie scrupuleusement diminuera la pression des eaux et cela n’affectera plus la culture plantée sur la Terrace », recommande Daniel Mutegeza.
Le chef de bureau et responsable du service de protection et végétation à la division provinciale de l’agriculture pense que lorsque la nature se comporte en roi de la jungle et impose sa loi martiale, des stratégies ou des mesures de résiliences doivent être développées pour y faire face. Selon les recommandations des agronomes, pour lutter contre les inondations dans les bas-fonds, des canaux de drainage doivent être mis en pratique pour prévenir les risques et limiter les dégâts. Les cultures doivent être faites dans les casiers de 25mX25m et des drains secondaires envisagés pour tirer des eaux vers les ruissons. Contrairement à la mise en application de ces solutions dans le bas-fond, ces derniers pensent qu’il n’y a plus d’autres solutions adéquates à envisager.
« Les techniciens préconisent le remplissage de terre au tour du champs et élever les casiers en hauteur pour stabiliser les canaux fabriqués. L’abondance de beaucoup d’eaux est difficilement gérable en période de crue des rivières. Actuellement avec notre culture traditionnelle le système de drainage est la piste de solution pour gérer les eaux dans les bas-fonds. Le comble est que ceci nécessite l’engagement des moyens conséquents » note Daniel Mutegeza.
L’administration publique dans le ventre du boa
Dans cette situation aussi complexe et qui nécessiterait l’appui ou encore l’accompagnement de l’état, les agents de terrain au sein de la division provinciale de l’agriculture, sont en difficulté de faire le terrain. Certains agents interrogés à la division provinciale de l’agriculture et qui ont gardé l’anonymat, affirment que la plupart d’entre eux touche moins de 100$ soit 200 milles francs congolais. D’autres ont plus de 15 ans sans être payés et font chaque jour la « mascarade » de contrôle technique et demeurent nouvelles unités. Ces agents payés en monnaie de singe ne se sentent pas dans l’obligation d’aller vulgariser les bonnes pratiques agricoles.
‘’Payés avec un salaire démotivant de moins de 100$, nombreux des agents n’ont pas les numéros matricules, d’autres qui en ont ne sont pas jusque là mécanisés. La conséquence c’est la baisse de rendement et production. Les techniciens qui sont censés être à côté des cultivateurs pour des conseils techniques relatifs à la conduite culturale d’une espèce de culture tout en respectant le calendrier cultural ne le font pas. Par exemple les apprendre quand semer, comment et où semer. Quand sarcler et comment pour quel avantage’’ martèle un ingénieur agronome rencontré à la division de l’agriculture.
Il sied de rappeler par ailleurs, que les techniciens au sein de la division de l’agriculture ont pour rôle de montrer aux exploitants de terre quand est-ce qu’il faudrait amender le sol, vulgariser l’apport de l’engrain agronomique ou minéral sur la productivité. Ces derniers ont également pour mission d’apprendre aux agriculteurs les notions basiques sur la politique de gestion post-récolte, c’est-à-dire les apprendre comment gérer le prix une fois leur récolte est disponible. Cette gestion comprend notamment l’évacuation de produit de récolte, la transformation de produits, le stockage, la commercialisation et enfin la consommation.
Plusieurs observateurs pensent que l’Etat congolais devrait bien définir la bonne politique dans le secteur agricole comme cela se fait dans tous les autres Etats sérieux qui se soucient du relèvement du niveau de vie de leurs populations. Ces derniers recommandent également la libéralisation du secteur agricole, c’est-à-dire en dissociant les responsabilités des uns et des autres.
Patrick Babwine