Est de la RDC : La guerre, une ennemie du pain, la faim avance au rythme des balles

absence d’eau dans différents camps de refugiés
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Pendant que le monde célèbre la Journée internationale de l’alimentation sous le thème « L’eau, source de vie, source d’alimentation », l’Est de la République Démocratique du Congo vit une autre réalité : celle de la faim, de la peur et du désespoir. Ici, la guerre a transformé les champs en friches, les villages en camps de déplacés et les enfants en silhouettes amaigries. Là où la terre devrait nourrir, le bruit des armes étouffe la vie.

Depuis des décennies, les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri subissent les ravages d’un conflit sans fin. Les routes sont coupées, les marchés détruits, les champs abandonnés. Les agriculteurs n’osent plus semer par crainte des balles, et les femmes qui tentaient de cultiver pour nourrir leurs enfants se retrouvent sur les routes de l’exil, un bébé au dos et la peur au ventre. Des milliers de familles fuient les combats, les champs se vident et les enfants s’éteignent dans la malnutrition. C’est un voyage vers une destination inconnue et sans espoir d’arriver.

Selon les organisations humanitaires, plus de 6,5 millions de personnes sont aujourd’hui déplacées internes dans l’Est du pays, privées d’accès à la nourriture et aux moyens de subsistance. La faim est devenue une arme silencieuse du conflit, un fléau qui décime autant que les armes.

« Les femmes n’ont plus de terre à cultiver, les enfants meurent de faim dans les camps, et pourtant le monde continue de parler de sécurité alimentaire ».

La guerre a tout pris, nos assiettes sont vide

Les femmes rurales, héroïnes de la survie

Dans ce chaos, les femmes rurales demeurent les piliers de la résilience. Malgré les violences, elles continuent à porter la vie, à cultiver l’espoir dans la terre meurtrie. À Idjwi, à Kalehe, à Walungu et Kabare ainsi que dans la province du Nord Kivu précisément à Sake, Masisi et Rutchuru, ces femmes pour survivre, elles s’organisent en groupuscules et refusent de céder à la fatalité.

Contacté par Mkulima média Noëlla Rusumba et qui vit à Masisi dans la partie Nord signale que ces femmes sont les gardiennes silencieuses de la sécurité alimentaire, souvent les premières à souffrir, mais aussi les premières à se relever. Leur courage incarne la résistance d’un peuple qui refuse de mourir de faim.

« La paix ne se nourrit pas que de promesses. Elle a besoin de champs cultivés, d’eau propre et de femmes debout », rappelle une défenseuse de droits de femme au Nord Kivu Noëlla Rusumba.

La faim, un visage caché de l’injustice

Au-delà des statistiques, la faim est un symbole d’injustice. Elle révèle les fractures profondes entre les régions en guerre et celles épargnées. Elle dénonce l’oubli de ces millions de voix étouffées par l’indifférence. Selon Noëlla Rusumba, dans les camps de déplacés de Nyiragongo, de Minova ou de Bunia, la nourriture est rare, l’eau serait souillée, et l’espoir s’effrite chaque jour un peu plus.

Pourtant, malgré tout, des femmes continuent à labourer la terre, à élever leurs enfants dans cet espace d’inquiétude, à reconstruire le tissu social brisé.

Notons qu’à cette occasion, des organisations humanitaires locales à l’occurrence Célébrons le Courage de la Femme, appellent les autorités Congolaises, les partenaires et la communauté internationale à agir dans le sens de protéger les femmes rurales moteur de production et leurs terres, souvent premières cibles des violences. Elles recommandent par ailleurs d’investir dans l’agriculture locale qui constitue un levier de paix et de dignité. Mais et surtout de garantir le droit à l’alimentation pour chaque enfant, chaque femme, chaque famille.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), un nombre alarmant de 28 millions de personnes sont maintenant confrontées à la faim aiguë (phase 3 de l’IPC et plus) dont 3,9 millions de personnes menacées par des niveaux de faim d’urgence (phase 4 de l’IPC).

Les nouvelles données de la dernière analyse de la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) révèlent le nombre le plus élevé jamais enregistré de populations en situation d’insécurité alimentaire aiguë en République démocratique du Congo (RDC).

« La situation humanitaire en RDC se détériore à un rythme alarmant. Les familles qui avaient déjà du mal à se nourrir sont maintenant confrontées à une réalité encore plus dure », a déclaré Eric Perdison, Directeur régional du PAM pour l’Afrique australe.

Traduire la parole aux actes

Le ministre national de l’agriculture a réaffirmé son engagement à bâtir une RDC où chaque congolais a accès à une alimentation saine, suffisante et produite localement, malgré le défi auquel le pays se bute.

« Sous l’impulsion du Chef de l’État, notre pays a engagé une révolution agricole axée sur la production, la transformation et la valorisation de nos ressources naturelles. Ensemble, valorisons notre sol avant notre sous-sol pour garantir un avenir meilleur à nos communautés rurales et urbaines ».

Pour rappel, en date du 12 Août 2024, le ministre de l’agriculture Muhindi Nzangi Butondo, lors de la cérémonie de remise et reprise avec son prédécesseur avait reconnu qu’il est impossible de parler du peuple d’abord sans leur donner la nourriture.

Patrick Babwine


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