Dans l’est de la République Démocratique du Congo, le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est en train de succomber sous les assauts conjugués de la guerre et de la déforestation. Alors que les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 s’intensifient, les gardes du parc peinent à assurer leur mission de protection, ouvrant ainsi la voie à une exploitation incontrôlée des ressources naturelles.
Depuis la recrudescence du conflit avec le M23, plusieurs zones du parc sont devenues inaccessibles aux éco-gardes. Selon les experts environnementaux, l’absence de surveillance a permis à des exploitants illégaux de s’installer dans la forêt et d’en abattre massivement les arbres. Les grands arbres centenaires, jadis fièrement dressés dans ce sanctuaire de biodiversité, sont aujourd’hui transformés en charbon de bois ou en planches destinées à la construction.
Une déforestation alarmante
Selon un garde parc ayant requis l’anonymat, « la situation est hors de contrôle. Les coupeurs de bois entrent en plein jour, sachant que personne ne viendra les arrêter. La guerre a transformé le parc en une ressource exploitée sans scrupules. »
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Carlos Schuler, dans son ouvrage « Vivre et Survivre en RD Congo », souligne que la fragilité des aires protégées en période de conflit expose ces écosystèmes à une surexploitation rapide, souvent irréversible. Il met en évidence le lien entre l’insécurité et la prolifération des activités illégales dans les parcs naturels congolais, un constat qui s’applique parfaitement au PNKB.
La photo ci-dessous capture dans ce même ouvrage, montre le changement dans les hautes attitudes du PNKB entre 2008 et 2020. Si la déforestation continue à ce rythme, il ne restera plus rien de ce patrimoine mondial dans quelques années. La forêt, indispensable à la survie des Pygmées, aura disparu ; les sources des rivières se seront taries.

Le déséquilibre écologique menace tout un écosystème
La déforestation massive ne se limite pas à une perte de couverture forestière. En effet, elle entraîne un déséquilibre écologique qui met en péril plusieurs espèces emblématiques du parc, notamment le gorille de Grauer, déjà classé en danger critique d’extinction. Sans leur habitat naturel, ces primates sont exposés aux braconniers et au stress dû à la présence humaine.
De plus, la disparition des arbres réduit la capacité du sol à absorber et stocker l’eau, augmentant ainsi les risques d’érosion et de glissements de terrain dans la région. À long terme, cela pourrait avoir un impact direct sur les populations locales qui dépendent de ces forêts pour leur survie
Quel avenir pour le PNKB ?
« Les arbres et les animaux n’ont rien fait pour subir cette guerre. Nos incohérences, nos haines et nos désirs égoïstes vont impacter le reste de la nature qui n’a rien demandé, qui n’a rien fait, qui n’a discriminé personne pour donne l’air, la nourriture et l’eau », fait savoir l’activiste environnementale Nicole Menemene sur son compte Facebook. Si rien n’est fait rapidement, le PNKB risque de devenir un désert écologique
La guerre et l’instabilité ont toujours été des freins à la conservation de la nature en RDC. Cependant, face à l’urgence climatique et à l’importance de la biodiversité du PNKB, il est crucial que des solutions immédiates soient mises en place. Une action coordonnée entre l’État, les ONG et les acteurs locaux pourrait limiter les dégâts et empêcher la disparition d’un des joyaux écologiques de l’Afrique.
« La nature n’attend pas. Chaque arbre coupé est une perte irrémédiable. »
Elie CIRHUZA
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